Sylvain Charron

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dimanche 13 juillet 1997

9ème jour de camp

Le début de l'épisode commença samedi 12 juillet vers 22H30. Depuis déjà 2H, nous guettons l'arrivée du camion-taxi qui doit revenir de Zaouia-ahansal. Jean-Pierre et moi prenons un petit cappucino pour nos aider à tenir le coup. Je dors, un peu, puis je redescends au virage du dessous pour observer la nuit. Jupiter vient de se lever et elle surpasse largement l'éclat de toutes les autres étoiles.

Soudain deux phares pointent au détour d'un virage. Ouf ! C'est le camion qui repasse. Vite, je retourne au J9 et je vérifie une dernière fois ce que j'emmène : 2 pneus à réparer, mon sac de couchage et un petit sac à dos pour survivre une journée. Le camion arrive, un des Marocains descend, nous discutons le prix du transport aller retour jusqu'à Ait Mehamed, 50Km. Grosse surprise, il nous demande 1000 dirhams (680 F). Nous lui faisons comprendre que c'est aberrant. De paroles en paroles, nous finissons par tomber d'accord pour 300 Dirhams (204 F) avec quelques médicaments au pire. On embarque les pneus, il me dit qu'il est désolé, qu'il n'a plus de place dans la cabine. 'Pas de problème, j'ai l'habitude,' dis-je et j grimpe dans la benne. Nous voilà partis, je fais un signe d'adieu à Jean-Pierre et Dimitri qui est de garde. Je pense en moi-même 'J'espère que le chauffeur sait conduire'. Le jeune Marocain qui parle un peu français sort en roulant de la cabine et grimpe sur le toit pour me tenir compagnie. Tous deux assis tant bien que mal sur la plate-forme au-dessus de la cabine, nous bavardons dans la nuit étoilée. A chaque virage, il faut se cramponner. Les barres de maintient me rentrent dans les côtes ; je peux vous dire qu'il faut avoir une colonne vertébrale en bonne état. Au bout d'un moment, je redescends chercher mon duvet pour me rembourrer le dos, car je ne tiens plus. A chaque virage il vaut mieux s'accrocher sinon on valse. Assis en tailleur je discute avec mon compagnon, il s'appelle Hamou. Il fait le trajet presque tous les jours. Il m'apprend quelques mots d'arabe et de berbère et moi je lui indique quelque mot français. Nous franchissons le col du Tizi n' Llissi, la route est désert. Après avoir descendu le col, au détour d'un virage Hamou me lança 'Voici le village d'Asmesouk, on s'arrête manger un petit peu. Aller! Tu viens manger avec nous ?'. J'accepte avec plaisir, le voyage s'est bien mais ça creuse !

Il est 23H00, nous rentrons dans une petite maison qui n'a rien d'un café mais c'est l'Hôtel-Bar-Restaurant du coin. Le patron nous accueille fort gentillement : 'salam alekoum, alekoum Salam'. Une seule pièce, dans un coin la cuisine, un foyer et plusieurs réchauds à braise pour le thé et la tajine. Dans l'autre coin, il y a des nattes et des personnes qui y dorment déjà. Mon ami Hamou m'invite à partager la tajine, plat national marocain, c'est un ragoût de mouton bien mijoté. Tout est simple; pas de cuillères ni de fourchettes. Chacun trempe un bout de pain dans le plat. Avec la tajine, il y a bien sur le thé à la menthe.

Après le réconfort, nous repartons vers Ait Mehamed. Je n'en peux plus, je m'allonge dans mon duvet dans le font de la benne. Ce n'est pas très confortable mais je m'endors tout de même.

Quelques heures plus tard, les lumières de la ville me réveillent. Il est 3H45 à ma montre. Le chauffeur gare le camion dans une ruelle puis tout le monde se couche dans la benne. 1H30 plus tard, c'est le levé, il est 5H20. Il faut en effet recharger le camion de fruits et d'épices pour le souk de Zaouia Ahansal. Je parle à Hamou pour les pneus. Il n'y a pas de réparateur à Ait Mehamed. Il faut aller à Azila, comment ? en taxi. Mais les chauffeurs dorment.

Enfin à 6H00 je trouve un taxi prêt à partir. On négocie le prix de la course, de 2400 on passe à 100 DH. Hamou vient avec moi. 20 Km de route, c'est Azila. Il y a un petit réparateur de pneus mais il dort encore. On le réveille, très rapidement il me répare le pneu crevé. Mais pour le pneu éclaté, rien à faire, il n'en a pas même en occasion. Nous parcourons la ville à la recherche d'un pneu 19x400. Pas moyen d'en trouver. Ici, ils ne connaissent pas les J9. Bon, le réparateur me propose de mettre un emplâtre et de réparer la chambre à air. Ca pourra tenir un moment. Il n'y a pas d'autre solution alors OK. J'en profite pour acheter 20 L de gaz-oil en réserve puis nous repartons pour Ait Mehamed.

Le camion pendant ce temps à été chargé : il déborde de fruit, de sac de farine, épice... Hamou et moi allons prendre un petit dej': des oeufs brouillés et du thé bien sûr. Puis à 10H00, c'est le départ pour Zaouia. On refait le plein d'huile, d'eau, on remet quelque boulons en place et 3/4 d'heure plus tard on décolle. Il y a en plus de la marchandise des passagers, en tout j'en compte 18 tout perchés sur les sacs de farine. On m'indique un petit emplacement à coté de mes 2 pneus, j'obéis. Première côte, le camion est trop chargé, il faut descendre et marcher à coter. Le soleil tape fort et nous n'avons pas de protection. 5H durent, nous cuisons au soleil, à chaque cahot, il faut se cramponner pour ne pas tomber. Heureusement, il y a du vent qui adoucit le soleil. Juste avant d'arriver à Asmesouk, un passager crie fort et accuse sont voisin de lui avoir volé son argent. Il faut arrêter le convoi. L'accusé se fâche, se défend, se déshabille pour montrer qu'il n'a rien. Quelle comédie ! Finalement, il retrouve son argent dans une autre poche. Tout le monde rit. Asmesouk, on décharge une partie du camion et on recharge autre chose. On casse la croûte aussi. Bientôt, nous repartons, c'est pas trop tôt, j'ai hâte de retrouver les pionniers.

1H30 plus tard j'aperçois enfin le J9. Au camp tout s'est bien passé. Nous remontons le pneu, je paie le chauffeur et nous faisons nos adieux à tout le monde. Ca nous à bien dépanné. Nous décidons de passer la nuit ici et de partir à l'aube. Je m'endors sans problème, car la journée à été dure. Bonne nuit !

samedi 12 juillet 1997

8ème jour de camp

Malgré le faite de de s'être couché vers 23H00, nous nous sommes levés à 5h00 pour un départ à 7H00. La matinée commença bien, mais après plus de 3 heures de marche, la chaleur était telle qu'une halte toutes les demi heures s'imposa. A 11H30 on s'est arrêté, car Sylvain nous à fait une crise de tétanie à cause de la chaleur et de la fatigue ; il a fallu s'en occuper. On a du passer dans de mini-tornades de sable et on a eut un vent assez violent lorsque l'on a repris la route, malgré que Sylvain soit encore malade. Un peut plus tard, la roue éclata sur les pentes d'un col. Que faire ? A pied, mules.. ? ? Alors ont à du attendre qu'un véhicule passe pour aller faire réparer les roues de secours,...Mais... Malheureusement, il y a peu de voitures qui passent sur cette piste. Un berbère du coin nous a appris qu'un camion ravitaillant les villages alentoursdevait passer dans la nuit. Il passa donc vers 23H00 et emmena Bernard a Mehamed (Située à plus de 50Km). Quand le reverrons-nous ? Pendant ce temps, on s'est occupé de monter le camp. On a du chercher de l'eau mais on ne savait pas où . Heureusement que le berbère du coin nous a amenés avec sa mule, quifut très utile, parce que les jerricans d'eau sont très lourds et qu'il restait beaucoup de marche. Enfin, nous nous couchons vers 22H00 après un copieux dîner.

vendredi 11 juillet 1997

7ème jour de camp

Aujourd'hui, en ce jour de vendredi 11 juillet, nous repartons de Tigoulit très tôt où une longue journée de marche nous attends. Pour partir de bonne humeur, un grand petit déjeuner et une bonne toilette dans une eau un peu froide. De Km en Km, nous voyons que nous montons tout le temps dans la montagne. Nous sommes épuisés, une pause s'impose, un peu d'eau et c'est reparti sous un soleil de plomb ; une heure après nous entendons un coup de sifflet lointain ; arrivé sur les lieux, nous constatons qu'un pneu a crevé. En une heure c'est réparé. Dans un virage un peu serré, Sylvain avait vu que la roue arrière droite du camion allait passer dans le vide, il avertit aussitôt le chauffeur mais trop tard, c'était passé sur 3 roues sans que celui-ci ne s'en rende compte. 100 mètres plus loin, de grosses pierres indéterrables nous font obstacle dans ce chemin pittoresque. Le chauffeur est obligé de passer à droite, le plus proche du ravin. Il les évita, mais en voulant redresser les roues avant, la roue arrière droite commençait à glisser sur le sable qui emportait de plus en plus le camion dans le ravin. Heureusement qu'il y avait une autre grosse pierre pour empêcher la progression du véhicule dans le trou. Pendant ce temps, quatre pionniers du peloton de tête se reposèrent dans un chemin autre que le bon à l'ombre. Ce peloton avait beaucoup d'avance. Mais le chauffeur ne les vit pas, alors il continua jusqu'à les trouver pour manger, mais ils étaient derrière: ces quatre gars pouvaient 'toujours courir'. Et pourtant il y en a bien un qui le fit, et grâce à lui on à put rattraper le camion et manger pas trop tard. Merci Alexandre ! ! ! On en profita pour faire une petite sieste. L'après-midi fut très chaude et la route interminable nous épuisa sous un soleil flamboyant qui causa un malaise à un collègue. Il n'arriva pas à s'en remettre de l'après-midi et une peur générale s'installa à son sujet, mais le soir il reprit la route. Dans l'après-midi rien de plus ne se produit( tant mieux ), mais l'eau commençait à se faire rare. 'Mirage ,de l'eau en cascade!' se fit entendre par quelque pionniers qui y courirent. Un bon rafraîchissement, le plein d'eau, et c'est reparti. Nous avons ensuite monté un col de 2650 mètres ; maintenant, c'est de la descente. Nous avons marché jusqu'à 20H30 pour atteindre un oued qui sera notre lieu de repos. Le repas se mit très vite en place. Pour commencer, un bon mijet au vin bien dosé par un chef appréciant cette boisson. Un gars de cuisine, qui se reconnaîtra, but son mijet à une telle vitesse qu'il tourna vite de l'oeil. (Et le kilo de nouille forestière ! ! Il n'était pas bon peut être ? ?). Après la vaisselle, le moment tant attendu arriva, DORMIR. Bonne nuit !

jeudi 10 juillet 1997

6ème jour de camp

Après une bonne nuit à la belle étoile sous un splendide ciel illuminé, un 'debout là-dedans ! Y'a plus de café ! !' nous réveille rapidement. Un superbe levé de soleil redonna toute sa couleur à la cédraie ; cèdre de l'Atlas bien sûr ! A 7H00, nous reprenons le Memphis pour nous rendre au 'cèdre Gouraud', un magnifique arbre en forme de chandelier. Notre première estimation nous donna 70 mètres. Un système archaïque nous permit de nous corriger : schémas à prendre du compte rendu

Ce système nous emmena plus près de la réalité : 37 m contre 39 dans le Guide touristique du Maroc. Le temps d'une photo et la voix sournoise de l'itinéraire nous appelle : 'dans 5 minutes, on est parti !' Il faut nous rendre à Beni-Mellal où l'intendance doit faire le plein de nourriture pour la randonnée. Fruits, légumes, riz et pain (40 pains = 8 boulangeries dévalisées).

Pour nous remettre en forme, Bernard nous acheta des sardines grillées pour midi (bien bonnes !). A Beni-Mellal, nous tranchons l'itinéraire d'Agouti (lieu de départ de la randonnée).

Oh ! La route est bordée de vert sur la carte, c'est une route pittoresque ; on la prends ? Km après Km, un super paysage s'ouvre à nous : c'est la chaîne du moyen Atlas, paysage aride avec chênes verts, cactus, et, virages après virages, une eau turquoise se dégage : c'est le barrage de Ben El Ouidane, un magnifique plan d'eau de 2750 ha avec des criques, une eau bleu turquoise, claire et.... Et sûrement chaude ? La tentation est trop grande ; 15 minutes d'arrêt pour 1 petite baignade et en 30 secondes tout le monde est à l'eau. Avis général : elle est bonne et chaude ; environ 35° ; et les 15 minutes sont respectées.

4 Km après : 'Tout le monde descend, y'a plus de goudron.' Ce doit être qu'un virage ? Non, le second ? Non plus... Les gars marchent, les virages et les Km s'entassent, toujours pas de goudron. La piste est de moins en moins carrossable et le véhicule souffre. Il nous faut dégager la voie, car un gros camion arrive en face... C'était juste. Et il nous faut passer le col à pieds. Au sommet, nous tombons surs des berbères qui viennent de moissonner. Moisson à la faucille et les Mules piétinent les gerbes dans un manège pour séparer la balle du grain : 80 Kg de blé, c'est la récolte après une journée de travail. Notre véhicule fut donc le bienvenu pour descendre la récolte au village. 2H de descente et nous voilà à Tilougit, petit village berbère de 1700 habitants vivant de la récolte du thym sauvage. Les Pionniers entament une partie de foot avec les jeunes pendant que la croix rouge distribue les médicaments récoltés dans le bocage. Un jus de fruit offert par Bernard au 'bistrot' du coin fut le bienvenu. Il nous faut maintenant quitter le village à la tombée de la nuit pour trouver un bivouac sur la route de Zaouia. A la sortie du village, un oued, un coin plat pour ranger le camion. Parfait ! un 'migouri' de tomate (chair à saucisse, riz, mie de pain, lait) nous rassasia et le duvet fut le bienvenu. La journée de demain promet d'être dure, serons-nous à Agouti ???

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